En revenant du RI3 - Stéphane Vallade

n° 49

les ateliers du ri3

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danielroy@wanadoo.fr ; herve.damase@orange.fr

Modérateur : Jean-Robert Rabanel

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En revenant du RI3

Stéphane Vallade

J’attendais ce colloque du RI3 avec impatience, deux ans après Clermont-Ferrand et la découverte pour moi de ces journées qui traitaient du « dialogue avec l’autiste ». Si le thème annoncé cette année, « cas d'urgence », me parlait a priori moins, les premiers épisodes du Feuilleton préparatoire m’ont très vite rassuré, emballé. La lecture de ces vignettes cliniques reçues chaque jour tissaient peu à peu le fil d’une histoire passionnante dans laquelle je me retrouvais souvent ; je les retrouvais, « ces sujets » dont on s’occupe ! L’énoncé des cas lors des deux journées n’a fait que confirmer l’intérêt du partage de cette pratique à plusieurs par l’éclairage de la psychanalyse. Je me suis senti confirmé dans ma pratique d’éducateur-spécialisé en ime, me disant : « Tiens, moi aussi j’ai fait ça l’autre jour... » ; ou encore : « On devrait essayer cela avec untel. »

Sans en attendre de recettes applicables telles quelles avec les jeunes accueillis, la trouvaille énoncée dans la vignette suffisait à déclencher l’envie, le désir de repartir de l’avant face à l’isolement de ces sujets psychotiques et autistes, par un pas de coté innovant. Là où l’essoufflement gagnait avec Maxime, par exemple, une histoire de banquet, repas de Noël raconté par une éducatrice, m’apportait une bouffée d’oxygène salvatrice en m’inspirant une nouvelle façon de faire, d’être avec lui, avec l’idée de « mettre en place une bascule, un échange entre jouissance et plaisir ». « Le principe du plaisir, c’est le frein de la jouissance » disait Lacan.

La richesse des journées du RI3 est là, dans cette pratique à plusieurs échangée, mise en scène, qui dépasse les murs d’une institution, qui se propage dans les discours et les esprits des professionnels présents, concernés au quotidien par ces enfants là.

Deux jours intenses, où parfois le niveau de discussion des intervenants dépassait celui de mes connaissances théoriques, mais qu’importe, on parlait bien tous ici du même objet, tous des mêmes sujets !

La seconde journée proposait différents ateliers où nous assistions séparément, multipliant les possibilités d’écoute, à la pêche aux idées nouvelles, aux confirmations anciennes, aux questionnements à venir.

Cette énergie nouvelle, elle est là depuis le retour, dans la rencontre au quotidien avec les jeunes accueillis et dans celle des collègues partenaires, ceux qui ont partagé le colloque, mais aussi et surtout ceux qui ne sont pas venus. Fort de ce désir renouvelé, je les invite, à l'occasion, à lire le recueil des écrits du Feuilleton, j’illustre mes propos de formules retenues au RI3, je partage des idées nouvelles pour certains jeunes, le RI3 est en moi...

Daniel Roy, lors de la première journée, a dit que le Feuilleton préparatoire avait permis l’émergence d’un sujet du collectif animé d’un désir de dire. Les écrits post colloque, dont celui-ci, montrent, je crois, combien le « sujet » peut être vivant dans les institutions.

Stéphane Vallade est éducateur spécialisé à l’ime du Cenro, à Vertou (44).