Changeons d’ampoule - Hervé Damase

n° 45

« ÉVALUER TUE »

Forum du 7 février

Changeons d’ampoule

Hervé Damase

Franchissons le pas. Levons une ambiguïté. Allons au-delà de l’implicite. Énonçons : l’évaluation et les TCC, c’est la même chose ! Ce constat est le fruit d’un moment de vérité singulier. Les témoignages dans Le feuilleton, les textes du dernier LNA et l’expérience personnelle concordent. Là où il est question d’évaluation se profile la mise en œuvre des TCC. L’un ne va pas sans l’autre, ils sont l’envers et l’endroit de la même surface ; mieux, ils sont une bande de Moebius.

Ensemble, ils forment un néo-discours dont les signifiants infiltrent insidieusement notre mental. Le discours courant en est imprégné. Le modèle de l’ordinateur est désormais la référence pour parler de l’humain en terme binaire et le réduire ainsi à l’application de logiciels soumis à des bugs auxquels il s’agit de parer.

Avec cela, tout semble pour le mieux dans le meilleur des mondes possible ! Voici l’humain enfin débarrassé de ce qui cloche. Plus rien d’énigmatique ; tout est transparent.

« En quoi le fait de changer une ampoule est thérapeutique ? » s’interroge en toute innocence une jeune sociologue de la psychiatrie aux allures new-age, devant une assemblée de spécialistes médusée. Lorsque le sens n’est plus là, poser une telle question, dans un contexte prétendument scientifique, invite à faire table rase de la clinique et du réel sur lequel elle se fonde, pour refonder une approche qui, sous couvert d’objectivité, ignore qu’elle légitime l’évaluation. Car l’évaluation sert d’abord le relativisme. « Vous ne savez pas ce que vous faites ? » Évaluons-le, ça vaudra toujours quelque chose. Pas grand-chose, certes, mais une bonne TCC permettra d’en augmenter la valeur.

Ne pas succomber au sourire de la Joconde, derrière lequel la pulsion de mort se met en ordre de marche, demande à chacun de s’armer de courage. Le dimanche 7 février sera l’occasion de sortir de sa solitude et de se rassembler pour manifester notre opposition à un tel réductionnisme. Un autre monde est possible puisqu’il existe. C’est celui du désir indestructible dont les dernières journées du RI3 nous ont donné tant d’exemples vivants.

Contre ce qui tue, opposons le dur désir de durer, qui lui est indestructible.